les hirondelles

Toi qui meut monter solitaire

au ciel sans gravir les sommets,

et dans les vallons de la terre

descendre et planer dans l’air.  

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Toi qui, sans te pencher au fleuve

où nous ne puisons qu’à genoux

peux aller boire,avant qu’il ne pleuve

au nuage trop haut pour nous.

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Toi qui pars au déclin des roses

et reviens au nid printanier,

fidèle aux deux meilleurs choses:

l’indépendance et le foyer.

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Comme toi, mon âme s’élève

et tout à coup rase le sol,

elle suit avec l’aile du rêve

les beaux méandres de ton vol.

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S’il lui faut aussi des voyages,

il lui faut son nid chaque jour,

elle a tes deux besoins sauvages:

vivre libre dans l’intense amour.

(René-François SULLY PRUDHOMME. 1839-